Waleed Al-Husseini |
Nous sommes encore sous le choc des immondes assassinats commis par les terroristes islamistes qui ont ciblé la rédaction de Charlie Hebdo et les clients juifs de l’Hyper Cacher. De nombreuses et indispensables mesures préventives ont été ou seront prochainement prises par le gouvernement, que ce soit sur le terrain policier ou dans le cadre de l’éducation nationale, afin d’éviter que ne surgissent de nouveaux tueurs fanatiques.
Nice (Alpes-Maritimes) |
Il reste que la fameuse question de l’"après" 11-janvier doit aussi être posée à ceux que l’on appelle les "musulmans modérés". Pour ma part je leur suggère, en m’adressant ici tout particulièrement aux représentants officiels en France du culte musulman, quelques pistes d’une réflexion qui pourrait être menée en association avec les parlementaires et les ministères concernés. Mon souci est de contribuer à l’avènement d’un "islam des Lumières", ce qui passe par la nécessité, de la part des fidèles, d’une adhésion profonde et sincère au principe de laïcité sur lequel repose la République française. C’est pourquoi j’estime que les musulmans devraient s’engager sur trois points essentiels :
1) Respecter et défendre le droit de tout musulman à changer de religion, son droit à ne plus professer l’islam ; garantir sa libre sortie de l’islam, sans qu’il ne soit menacé ou discriminé. Ce qui garantit la liberté de conscience.
2) Renoncer à l’interdit fait à la musulmane d’épouser un Juif, un chrétien ou un non-musulman. A travers cet engagement, adhérer au creuset qui a constitué la Nation française et au principe d’égalité entre tous les hommes, jusque dans le cœur et dans le lit de la musulmane. Reconnaître ainsi la devise de fraternité entre tous les humains, indépendamment de leurs croyances ou de leurs convictions. Proclamer que, dorénavant, la femme musulmane est tout à fait libre d’épouser qui elle aime.
3) Respecter aussi bien les Juifs et les chrétiens, ainsi que les non-croyants. Et donc déclarer nulles et non avenues toutes les discriminations et injures contenues dans le Coran à l’égard des Juifs, des chrétiens et des non-croyants.
A travers ces trois principaux engagements, les musulmans de France témoigneraient donc de leur renoncement aux errements du passé, afin de vivre en paix avec leur conscience tout autant qu’avec leur pays. Cela pourrait aussi les amener à choisir d’être enterrés ici, à côté de leurs concitoyens, quelles que soient la confession ou les convictions de ces derniers.
Waleed Al-Husseini, blogueur palestinien, fondateur du Conseil des ex-musulmans de France, est l’auteur de Blasphémateur ! Les prisons d’Allah (Grasset, 2015)
Article paru le 4 février 2015 dans Libération